Québec, le 24 août 2018 – Le Front commun pour la transition énergétique (Front commun) s’inquiète de la volonté affichée par l’industrie pétrolière et gazière d’influencer la campagne électorale qui vient d’être lancée en finançant un groupe de pression partisan qui se positionne ouvertement pour l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles au Québec et au Canada, tel que rapporté par le Journal de Québec ce jeudi.
Le Front commun considère essentiel de rappeler que le Québec s’est doté de cibles ambitieuses de réduction de ses gaz à effet de serre dans le cadre de de la lutte contre les changements climatiques. Déjà en retard sur l’atteinte de ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020 et 2030, le Québec ne peut développer de nouvelles infrastructures pétrolières et gazières, permettre d’exploiter de nouveaux gisements et s’enfoncer davantage dans sa dépendance aux énergies fossiles. Il doit au contraire accélérer la mise en oeuvre d’une véritable transition énergétique, porteuse de justice sociale.
Après avoir menacé la semaine dernière le gouvernement du Québec de poursuites judiciaires à cause des restrictions imposées sur la fracturation dans le schiste – restrictions minimales selon nous -, l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) aurait invité les entreprises de l’industrie pétrolière et gazière à financer un groupe qui tente d’interférer dans la campagne électorale. Le Front commun estime qu’il s’agit là de méthodes moralement inconcevables et potentiellement illégales dans un monde aux prises avec l’aggravation des changements climatiques.
« Le président de l’APGQ ne s’en cache pas, il veut influencer les élections au Québec en s’inspirant des méthodes qui auraient pu être utilisées pour favoriser l’élection de Doug Ford en Ontario*. Ce dernier dès son élection, n’a pas hésité à faire reculer les mesures de protection du climat, à sortir la province du marché du carbone et à s’associer à la Saskatchewan dans son recours juridique contre la taxe carbone fédérale. Est-ce vraiment cela qu’on veut pour le Québec? Une industrie pétrolière et gazière qui tire les ficelles de nos élections et un futur premier ministre qui reniera les engagements climatiques du Québec? », questionne Carole Dupuis du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. « Nous suivrons ce dossier de très près et insistons sur l’importance d’exercer une grande vigilance », ajoute Anne-Céline Guyon, coordonnatrice du Front commun pour la transition énergétique.
À l’heure où l’hémisphère nord a connu des canicules extrêmes, où la Colombie-Britannique et la Californie sont affligées par les feux de forêts et des conditions de qualité de l’air parmi les pires dans le monde, il est urgent d’accélérer notre passage à une transition énergétique juste pour les communautés et les travailleurs et travailleuses. « La science nous dicte de garder 80% des énergies fossiles dans le sol. Si nous voulons respecter l’Accord de Paris, cela signifie qu’il n’y a plus de place pour toute nouvelle infrastructure d’exploitation et de transport d’hydrocarbures. Au Front commun, nous avons toujours été clairs. C’est un non sans compromis aux forages et nous continuerons dans ce sens. Une expansion de l’industrie pétrolière et gazière n’a pas sa place au Québec», affirme Christian Simard de Nature Québec.
*Greenpeace Canada et Democracy Watch ont déposé une demande officielle d’enquête auprès du directeur général des élections de l’Ontario afin de déterminer si une campagne publicitaire menée par un groupe de tête pour l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) violait la loi électorale de l’Ontario.
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POUR INFORMATION
Anne-Céline Guyon
Coordonnatrice du Front commun pour la transition énergétique
(581) 989-0815