Histoire des luttes écologiques et sociales au Québec : c’est pas fini !

(Crédit photo : Marie-Anne Perreault)

Plusieurs s’en souviendront: le vendredi 28 septembre 2019, près de 500 000 personnes ont pris part à la marche pour le climat aux côtés de Greta Thunberg. L’événement dénombre alors la plus importante foule jamais regroupée dans l’histoire du Québec, et s’inscrit comme la plus importante manifestation mondiale tenue ce jour-là. Sur 4 km, peuples autochtones et allochtones, de toutes générations, de toutes croyances et de toutes origines sont rassemblés pour démontrer l’importance accordée à la crise climatique et à la protection de la biodiversité. Changements et courage politique pour protéger la planète et en limiter sa destruction sont au cœur des revendications pourtant depuis longtemps demandées par les groupes de la société civile présents, dont le Front commun pour la transition énergétique. Alors que de nouvelles manifestations se préparent, nous avons eu envie d’explorer l’histoire de ces luttes citoyennes pour l’environnement.

Les origines

Selon le site Archives révolutionnaires, au Québec, on doit remonter au 19e siècle pour voir apparaître les premières critiques en matière sociale et écologique face à une exploitation intensive des territoires, à une appropriation barbare des terres autochtones et aux écarts croissants entre les classes sociales. Effectivement, minerais, fourrures et bois sont alors considérés comme des matières premières illimitées alors que les ouvriers et ouvrières travaillent dans des conditions précaires et exigeantes. Pourtant, sur l’ancien continent, on tente déjà depuis le 18e siècle d’encadrer la déforestation, le rejet des polluants dans l’eau, et les conditions des travailleuses et travailleurs. Ces changements sont portés par de nombreux savants, penseurs et économistes qui ont tôt fait d’inspirer les premiers environnementalistes du Québec. La pensée écologiste prend alors trois grandes tendances : le conservatisme, auquel nous devons le concept de développement durable; le préservatisme, qui aura permis la création des grands parcs protégés de l’exploitation – souvent au détriment des communautés autochtones qui en sont chassées – ; et le naturalisme qui favorise le développement d’une conscience environnementale via la découverte, la sensibilisation et l’éducation à la science (faune et flore). 

L’émergence de la conscience socio-écologique 

Ce n’est que dans les années 1960 qu’un quatrième courant de pensée émerge au Québec. Les mouvements de la société civile, inspirés par les actions menées en Europe et aux États-Unis, se politisent autour des enjeux sociaux et écologiques tout en encourageant des changements individuels dans nos habitudes de vie. Ainsi, l’arrivée dans les années 70 de la culture alternative et libertaire valorisent des comportements qui vont à l’encontre des courants culturels dominants en encourageant la conversion au végétarisme, la pratique du vélo, l’alimentation naturelle, la pédagogie alternative, les principes d’autogestion, la simplicité volontaire ou l’autosuffisance. 

Parallèlement, de grandes luttes écologiques viendront créer des changements de paradigme au niveau énergétique. Très influent auprès de la population anglophone, le journal Our Generation Against Nuclear War, fondé à Montréal en 1961, encourage la dénucléarisation et la paix. Cette vision sera poussée par la Société pour Vaincre la Pollution (SVP), fondée en 1970, à la suite de la construction du réacteur nucléaire expérimental Gentilly (1966) en collaboration avec Hydro-Québec. SVP, appuyé par Greenpeace – nouvellement arrivé au Canada -, jouera un rôle clé dans l’abandon du déploiement par Hydro-Québec de 35 centrales d’énergie nucléaire dans la vallée du Saint-Laurent. 

En 1978, le mouvement anti-nucléaire évolue face aux coûts écologiques et sociaux des mégaprojets électriques de la Baie-James. Il se joindra aux luttes des communautés autochtones et à d’autres groupes environnementaux pour créer le Regroupement écologique québécois. Cette coalition totalise 180 groupes qui remettent en question le développement capitaliste nuisible à l’environnement, aux travailleurs et aux individus. Ils publieront en 1978 un manifeste pour rêver une société radicalement différente au niveau économique, technologique et politique, recherchant un équilibre entre le bien-être social et environnemental. Pour calmer la mobilisation écologique, le gouvernement initie le Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) en 1978. 

Au courant des années 80 et 90, la pensée écologiste continue de se développer. Les scientifiques s’intéressent aux mouvements sociaux qui promeuvent une plus grande justice sociale face aux oppressions coloniales, capitalistes, libertaires ou patriarcales à l’échelle planétaire. Ce discours reste cependant au sein des initiés. Puis, à l’aube des années 2000, le documentaire L’Erreur boréale, réalisé par Richard Desjardins et Robert Monderie, est diffusé (1999). Il met en lumière les pratiques de coupes à blanc de l’industrie forestière alors en vigueur au Québec. Ce film crée une onde de choc parmi la population qui prend la mesure de la destruction des milieux naturels, des limites du développement durable et des actions gouvernementales, des enjeux des travailleurs dépendants de cette industrie et des luttes constantes des autochtones pour préserver leurs territoires ancestraux et  leurs traditions.

L’histoire continue

Pour sa part, le Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ) sera mis sur pied en 2015. Aujourd’hui composé de plus de 80 organisations de la société civile, citoyennes, environnementales et syndicales, le FCTÉ a contribué à plusieurs luttes pour bloquer des projets d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbure, de gaz de schiste ou de pipeline sur le territoire québécois. Parmi les victoires célébrées, notons l’adoption en avril 2022, d’une loi faisant du Québec le premier État en Amérique du Nord à interdire toute nouvelle recherche et production d’hydrocarbure sur son territoire et son engagement à réduire ses productions actuelles. Ceci dit, plusieurs autres combats restent irrésolus pour tendre vers davantage de justice sociale et environnementale.

Faites l’histoire pour la suite du monde !

Parce que travailler ensemble a historiquement été la meilleure façon de faire évoluer les pensées et de changer les comportements, nous vous invitons à prendre part aux mobilisations pour la transition sociale et écologique qui s’organisent le vendredi 27 septembre 2024. Déjà, des marches sont confirmées à Montréal, Québec, Joliette, Sherbrooke et Gaspé en réponse aux invitations du mouvement planétaire Fridays for Future

Parce que les luttes ne sont pas finies et qu’il nous faut œuvrer ensemble pour la suite du monde, soyez présents le 27 septembre !

Source : 

– L’équipe du FCT