La présomption d’égalité des intelligences, un levier pour une transition énergétique juste et inclusive
Loin d’être une simple notion théorique, la présomption d’égalité des intelligences constitue un véritable levier pour transformer en profondeur les organisations et les sociétés. En reconnaissant la valeur de chaque individu et en valorisant la diversité des intelligences, cette posture ouvre la voie à l’intelligence collective. Elle peut apporter des réponses inédites aux défis complexes de notre époque, notamment la transition énergétique.
Au-delà de la simple reconnaissance des différences, la présomption d’égalité des intelligences invite à repenser nos relations, interactions et comportements en tant qu’individu. Sa pratique demande davantage d’ouverture à l’autre et de curiosité. Elle invite à poser des questions, à reformuler ce qui a été dit pour s’assurer de notre juste compréhension et à faire preuve de bienveillance et de non-jugement. Naturellement, adopter une posture basée sur la présomption d’égalité des intelligences demande de la pratique, de la persévérance et du temps. Un peu comme un muscle, cette posture se développe tranquillement dans le respect de soi et d’autrui.
Dans le monde du travail traditionnel, marqué par une forte tendance à la spécialisation et à une hiérarchisation des tâches, cette approche tend à privilégier une gestion plus horizontale et collaborative, où les échanges et l’écoute sont encouragés, valorisés. Les compétences techniques des travailleur·euses, bien sûr essentielles, sont ainsi complétées par des compétences relationnelles et émotionnelles qui permettent de nourrir la confiance et de favoriser l’émergence de projets communs. C’est le noyau du faire, décider et vivre ensemble.
L’intelligence collective, fruit de cette diversité des intelligences, est un puissant moteur pour trouver des solutions aux enjeux complexes auxquels nous faisons face. En mettant en commun leurs connaissances, leurs expériences et leurs perspectives, les individus peuvent générer des idées nouvelles et créatives. Ils développent ainsi des valeurs et intentions communes.
C’est une voie qu’il nous faut prendre pour faciliter l’avènement d’une transition énergétique. Par exemple, en intégrant les savoirs traditionnels autochtones, les vécus des nouveaux arrivants, les connaissances scientifiques, les compétences militantes et les limites des populations marginalisées, il nous sera possible de développer et de formuler des revendications et des solutions qui seront porteuses de justice sociale et environnementale où tous·tes pourront s’impliquer et se sentir valorisé·es.
Pour favoriser l’émergence de cette intelligence collective, il est essentiel de créer des environnements de travail inclusifs. Cela implique de :
- Lutter contre les stéréotypes et les biais cognitifs en sensibilisant des individus aux mécanismes de discrimination. Cette action permet la création d’un climat de respect et de bienveillance.
- Développer des pratiques managériales participatives en donnant la parole à tous·tes et en encourageant la prise d’initiative. En adoptant cette pratique, les gestionnaires et personnes en position d’autorité peuvent favoriser plus d’engagement et de collaboration.
- Mettre en place des dispositifs de reconnaissance et de valorisation par la reconnaissance des contributions de chacun·e. Ce faisant, les organisations renforcent le sentiment d’appartenance et motivent leurs membres.
- Favoriser la diversité sous toutes ses formes sans se limiter aux origines sociales ou culturelles. Ceci permet d’envisager la diversité des âges, des genres, des parcours professionnels, des religions, des limitations physiques et psychologiques, etc.
L’enjeu de la transition énergétique est une opportunité unique de mettre en œuvre ces principes. En intégrant les dimensions sociale et environnementale de la présomption d’égalité des intelligences dans ses stratégies et pratiques, les organisations de notre société (public, privé, OBNL, syndicats, coopératives, mouvements sociaux, etc.) pourront non seulement réduire leur impact sur la planète, mais créer des milieux de vie où il fera bon s’impliquer, grandir, vieillir, travailler et apprendre.
Attention cependant : Au risque de le répéter, adopter ces pratiques demande du temps, de la bienveillance et de la persévérance. Devenir une société apprenante, fondée sur une posture égalitaire, ne met pas à l’abri des erreurs ou des dissensus. Néanmoins, tendre vers la présomption d’égalité des intelligences permet d’offrir un espace sécuritaire pour qu’en toute bienveillance et humilité, il y ait reconnaissance des erreurs et possibilité de les corriger. Tendre vers cette posture permet aussi d’adresser les dissensus pour mieux comprendre l’autre et sa réalité. Ce faisant, il nous sera possible d’apprendre, de reconnaître et de chercher collectivement des solutions dans le respect de l’autre.
En reconnaissant la valeur de chaque individu et en valorisant la diversité des expériences et talents, notre société et ses organisations pourront favoriser l’émergence de solutions innovantes et contribuer à relever les défis de la transition énergétique. Cette démarche exige un changement de paradigme profond, qui implique de repenser les modes de fonctionnement traditionnels, de privilégier une approche plus collaborative et humaine, mais surtout, de revoir le fonctionnement de nos interactions individuelles pour qu’elles soient davantage tournées vers la curiosité, le respect et l’écoute de l’autre.
Sources :
- Exeko, Présentation de la présomption : Des principes, une posture et la mise en pratique, janvier 2015, https://omec.inrs.ca/wp-content/uploads/2020/02/Exeko_PEI-Janv2015_v3.pdf
- Exeko : La présomption en image : https://www.youtube.com/watch?v=CfsBsbfsDZ4&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.marinelestrade.com%2F&source_ve_path=OTY3MTQ
- Le Tiers Lieu : https://www.letierslieu.com/fr/les-fondements-du-tiers-lieu/
- Beauchemin, W.-J., Blémur, D., Duguay, N. & Goulet-Langlois, M. (2014). De l’inégalité des intelligences à la médiation intellectuelle. Effets et enjeux propres à une conception politique du savoir. Globe, 17(2), 45–68. https://doi.org/10.7202/1036237ar
- Larsimont, Perrine (2024), Sécurité psychologique au travail : l’affaire de qui?, Revue Gestion, https://www.revuegestion.ca/securite-psychologique-au-travail-laffaire-de-qui
– L’équipe du FCTÉ