Le 20 novembre 2023,
C’est avec grande déception que nous, organismes et personnes engagées pour la suite du monde, avons appris le transfert du développement du tramway de Québec à la CDPQ-Infra et le sous-financement des sociétés de transports. La crise climatique nous affecte déjà et ne fera que s’aggraver si nous nous engageons sur la voie qui se dessine à travers ces décisions. Celle-ci nous éloigne d’une véritable transition. Soutenant les appels des mairesses et maires, des sociétés de transport et des organismes de la société civile, nous demandons au gouvernement de reconsidérer sa position en matière de transport et d’explorer d’autres options, telles que celles proposées dans la Feuille de route du Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ) ou la Déclaration pour le transport collectif des personnes.
Nous demandons que le Gouvernement du Québec:
- S’engage à accroître le financement dédié au développement des transports collectifs de façon à y consacrer au moins les mêmes sommes que celles prévues pour la construction et l’entretien d’infrastructures routières;
- S’engage à accroître le financement dédié au fonctionnement des transports collectifs1;
- Retire la CDPQ-Infra des nouveaux projets de transports collectifs;
- Appuie les projets de tramway à Québec, Gatineau, Laval, Longueuil et Montréal.
Le transport est un secteur incontournable de la transition socio-écologique. Aller au travail, à l’école, accéder aux services essentiels ou voir nos proches : il est au cœur de nos vies. À lui seul, il est responsable de 43 % des émissions québécoises de gaz à effet de serre (GES)2 et de 24 % de la consommation globale d’énergie3.
En 2020, le FCTÉ traçait une vision de la transition socio-écologique au Québec, privilégiant la justice sociale. Cette vision, résultat d’une réflexion d’acteurs et actrices de tous horizons, promet un Québec « zéro émissions nettes », entre autres grâce à des transports actifs, collectifs et partagés4. La mobilité y est accessible à tous et toutes, les déplacements sont faciles, rapides et économiques. L’application du principe du bon mode au bon endroit favorise le développement, là où c’est pertinent, de réseaux de tramways.
Cette vision contraste nettement avec la situation actuelle, caractérisée par le sous-financement chronique des transports collectifs, au prix de possibles coupures de service. De plus, comme pour le tramway de Québec, ce sont de nombreux projets de transports collectifs qui sont en péril ou menacés par la privatisation.
Le constat est clair : le ministère des Transports roule à contresens. Si le transport collectif n’est pas priorisé, la voiture solo restera la seule autre option… pourtant loin d’être abordable. Privilégier la voiture maintiendra aussi la pression sur l’extraction de ressources, notamment en territoires autochtones, avec tous les impacts environnementaux et sociaux que celle-ci entraîne. Enfin, cela ne réduira en rien la congestion routière, dont le coût pour le Grand Montréal était estimé en 2018 à 4,2 milliards de dollars par an5.
Peut-on vraiment parler de transition écologique lorsque le gouvernement se limite à ne voir en la crise climatique qu’une occasion d’affaires? Lorsqu’on attire des méga-usines comme Northvolt, en leur offrant des milliards de dollars et en bradant une précieuse électricité, alors que ces ressources devraient être consacrées à une véritable transition? Ni la « filière batterie » ni la voiture électrique ne sont des solutions à long terme6.
Les décisions politiques prises maintenant détermineront notre avenir. Face à la crise climatique, le temps nous est compté et ne nous laisse pas le loisir de faire fausse route.
Organisations signataires
Luc Parent – Citoyen engagé dans l’Accorderie
Action Environnement Basses-Laurentides
Ateliers pour la biodiversité
Coalition Alerte à l’Enfouissement Rivière-du-Nord – CAER
Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec – TRAAQ
Comité Envieuxronnement
Conseil central du Montréal métropolitain – CSN Groupe Ambioterra
Justice Climatique Montréal
L’Écothèque
Les oubliés de l’autobus
Mobilisation environnement Ahunstic-Cartierville
Réalité climatique Canada
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec – RVHQ
Solidarité environnement Sutton
Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal
TerraVie
Transition Capitale-Nationale
Francois-Xavier Michaux – Coordonnateur général de Transition en Commun
Travailleuses et Travailleurs pour la Justice Climatique
Signatures individuelles
Anne Montplaisir
Dominic Champagne
Jean-François Lefebvre -chargé de cours en études urbaines à l’UQAM et chercheur
Louise Morand
Pour toutes questions, vous pouvez contacter Leeloo Vernet – Chargée de projet Transports au Front commun pour la transition énergétique.
leeloo.vernet@pourlatransitionenergetique.org ; (450) 231-8256
- Revendications tirées de la Déclaration pour le transport collectif des personnes, rédigée par la table transport du FCTÉ. https://www.pourlatransitionenergetique.org/declaration-pour-le-transport-collectif-de-personnes/
- Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2020, https://www.environnement.gouv.qc.ca/changements/ges/2020/inventaire-ges-1990-2020.pdf
- État de l’Énergie au Québec – édition 2023, https://energie.hec.ca/eeq/
- Feuille de route pour la transition du Québec vers la carboneutralité – Version 2.0. https://www.pourlatransitionenergetique.org/feuille-de-route-quebec-zen/
- Communauté métropolitaine de Montréal. (2019). Sources de financement du transport collectif dans le Grand Montréal [Rapport de la commission du transport de la Communauté métropolitaine de Montréal]. https://cmm.qc.ca/wp-content/uploads/2019/04/20190401_TC_Financement_Rapport.pdf
- Vailles, Francis. Le jeu et la chandelle https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2023-09-29/northvolt/le-jeu-et-la-chandelle.php