Tenue du 8 au 14 juillet, la semaine de sensibilisation pour les personnes non-binaires est une occasion cruciale pour reconnaître et aborder les défis spécifiques auxquels cette communauté est confrontée. Dans un monde où les inégalités sociales et économiques sont omniprésentes, il est impératif de comprendre comment ces injustices touchent particulièrement les personnes non binaires, et comment elles sont liées à la lutte pour la justice climatique et écologique.
Les réalités économiques et sociales des Personnes non-binaires
Une étude de Trans Pulse Canada révèle que le binarisme et la transphobie ont des effets réels et délétères sur les personnes non binaires. Ces effets qui ont été exacerbé durant la pandémie Covid-19, et qui se manifestent généralement sous forme d’intimidation, de discrimination et de violence, particulièrement sur les lieux de travail. Selon Jade Pichette, directrice au programme Fierté au Travail Canada, ces statistiques sont alarmantes :
- 91 % des personnes non binaires ont terminé au moins un collège ou une université.
- 71 % détiennent un diplôme collégial, universitaire, d’études supérieures ou professionnel.
- Seulement 42 % des personnes non binaires avaient un emploi permanent à temps plein au moment de l’étude.
- 54 % ont un revenu annuel personnel inférieur à 29 999 $.
Ces chiffres révèlent un décalage significatif entre le niveau d’éducation élevé des personnes non binaires et leur situation économique. Ce décalage est en grande partie attribuable aux discriminations systémiques qui sévissent dans nos sociétés et nos milieux de travail.
Bien qu’il devenait le premier état en Amérique du Nord à interdire, en 1977, la discrimination basée sur l’orientation sexuelle d’une personne. La situation au Québec reste préoccupante. Le rapport de l’enquête Gais et lesbiennes en milieu de travail publié en 2007, montrait que 50% des milieux de travail n’étaient pas accueillant ou proactifs dans la mise en place de mesure pour favoriser l’inclusion en lien avec la diversité des genres et des orientations sexuelles. 10 % des répondant.es auraient été victime de discrimination sur leur lieu de travail pendant les cinq ans qu’aura durée l’étude alors qu’une personne sur douze a subi du harcèlement en lien avec son orientation sexuelle.
Selon un rapport conjoint de la Coalition des familles LGBT, du Conseil québécois LGBT et de la Chaire de recherche sur l’homophobie publié en 2021, encore aujourd’hui, tant dans les cours d’école que dans les milieux de travail, de nombreuses études pointent la résistance de certains stéréotypes. Ils encouragent le dénigrement ou la dévalorisation des personnes et entretiennent des idées préconçues et discriminantes quant aux apparences des corps, aux identités, aux expressions de genre ou aux orientations sexuelles qui devraient prévaloir dans notre société.
Les conséquences de la discrimination
Les conséquences de cette discrimination sont multiples et profondément ancrées. Les personnes non binaires, souvent exclues des opportunités économiques, subissent des niveaux de stress et de précarité accrus. Cette précarité économique a des répercussions directes sur leur santé mentale et physique, leur accès aux soins et leur qualité de vie générale. Une étude diffusée en 2021 par Statistiques Canada révèle que les personnes non binaires et transgenres sont “ plus susceptibles d’avoir sérieusement songé au suicide au cours de leur vie que les personnes cisgenres (45 % par rapport à 16 %)”. Elles tendent également à habiter dans les grands centres urbains où les services et la diversité peuvent contribuer à accroître leur sentiment de sécurité et d’inclusion, ce qui les force souvent à se déraciner de leur milieu d’appartenance.
Ainsi, cette marginalisation économique empêche les personnes non-binaires de participer pleinement aux initiatives et mouvements à l’échelle des territoires pour la justice climatique et écologique. Elles sont trop souvent laissées en dehors des conversations et des décisions qui les affectent pourtant directement.
L’Intersectionnalité avec la justice climatique et écologique
La justice climatique et écologique ne peut être atteinte sans une justice sociale intégrale. Les personnes non binaires, en raison de leur marginalisation, sont particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques. Les crises environnementales exacerbent les inégalités existantes, et conséquemment, touchent davantage celles et ceux qui sont déjà marginalisés.
Par exemple, lors de catastrophes naturelles, les personnes non binaires peuvent avoir plus de difficulté à accéder à des refuges sûrs et inclusifs. Elles peinent davantage à obtenir du soutien dans leur collectivité ou dans leur milieu de travail. Elles font plus souvent face à de la discimination à l’emploi et peuvent faire face à une mauvaise représentativité syndicale ou communautaire. L’instabilité économique et sociale subie rend plus difficile pour elles de se préparer et de se remettre de telles crises.
La responsabilité des employeurs
C’est pourquoi, à l’instar de plusieurs organisations, rapports et experts, Jade Pichette souligne l’importance pour les employeurs, de créer des environnements de travail inclusifs. Il est crucial que les employeurs reconnaissent leur rôle dans la lutte contre la discrimination et prennent des mesures concrètes pour soutenir les personnes non binaires. Cela inclut des politiques de non-discrimination robustes et leur application, des formations sur la diversité et l’inclusion, et la création de lieux de travail accueillants et sûrs pour tous·tes; que ces milieux de travail soient situés en contexte urbain ou rural.
La semaine de sensibilisation pour les personnes non binaires est un rappel important de la nécessité de lutter contre les injustices sociales, économiques et environnementales de manière intégrée. En tant qu’organisation dédiée à la transition socio-écologique et à la justice sociale, il est de notre devoir de soutenir les personnes non-binaires, de dénoncer les discriminations qu’elles subissent, et de travailler pour un avenir plus juste et équitable pour tous·tes. En intégrant les luttes pour la justice sociale et climatique, nous pouvons créer des communautés plus résilientes et inclusives, où chaque individu, indépendamment de son identité de genre, peut trouver sa place.
À découvrir pour approfondir les connaissances :
- Podcast : The uncovering belonging (en anglais seulement) https://prideatwork.ca/fr/ub-podcast/
- Trans Pulse Canada : https://transpulsecanada.ca/fr/home-francais/
- Fierté au travail Canada : https://prideatwork.ca/fr/
Pour obtenir du soutien :
- Interligne : https://interligne.co/
Ligne d’écoute 24/7, clavardage ou texto : 1 888 505-1010 (sans frais) aide@interligne.ca
Soutien juridique : 1 888 970-2720 (sans frais)
- Autres ressources : https://interligne.co/repertoire/
Sources :
- Étude Trans PULSE Canada, Répercussions sociales et économiques de la COVID-19 sur les personnes transgenres et non binaires au Canada (2020),
- Fosbrook, Pichette et Kaplan (2020), La transition des organismes employeurs : une étude sur les politiques et les pratiques favorisant l’intégration des personnes trans en milieu de travail, réalisée pour Gender and the Economy et Fierté au travail Canada,
- Guide sur le droit des personnes face à l’homophobie en milieu de travail (2016) Ministère du travail, de l’emploi et de la solidarité sociale
- Greenbaum, Lagabrielle, Foster et Chamberland (2021), Vers des milieux de vie inclusifs et sécuritaires pour la diversité sexuelle et de genre,
- Statistiques Canada, Données sur les personnes transgenres et les personnes non binaires à l’aide du recensement (2021),
– L’équipe du FCTÉ